> Le CIO : un engagement contrasté sur la question raciale

Mexico accueille les JO de 1968. C’est un pays en voie de développement qui connait un véritable essor économique. Le CIO le désigne ville d’accueil ; choix novateur ;  afin de dissiper les stéréotypes d’un peuple indolent et faible économiquement. Pour la première fois c’est à un pays du  « Sud » que l’on attribue l’organisation des Jeux.

En 1968, le PRI (Partido Revolucionario instititional ) domine la vie politique mexicaine. Gustavo Diaz Ordaz, le président, dirige d’une main de fer le pays. 

 

Dès 1965, un conflit avait opposé les internes des hôpitaux aux autorités politiques. Ils réclamaient des meilleures conditions de travail. De même en 1968, les étudiants mexicains grondent afin de signaler les inquiétudes grandissantes des jeunes dans le domaine éducatif. Cependant le gouvernement ne cède pas, refuse toute négociation. Sa seule réponse : une répression musclée de l’armée. 

 

Le gouvernement souhaite en effet montrer au monde entier l’image d’un Mexique harmonieux,  en paix sociale. Dix jours avant l’ouverture des Jeux, ce désir vole en éclat : 300 000 étudiants s’amassent et crient leur indignation. L’armée (5000 hommes, 300 chars et 1 hélicoptère) ouvre par conséquent le feu sur la foule pacifique. L’intervention fait 325 morts, 500 blessés graves, 2000 étudiants sont arrêtés. Étonnement, le président du CIO ne remet pas en cause le déroulement des Jeux à la lumière de la répression de l’armée. Il s’agit selon lui "d’une affaire de politique extérieure". 

Les JO du Mexique ont une nouvelle fois été le théâtre de controverses. Deux athlètes américains ont profité de leur podium olympique du 200 mètres pour témoigner leur sympathie à un mouvement afro-américain : « les black Panthers ».

Tommie Smith et John Carlos, ont décidé de lever leur poing ganté de noir au ciel, et de baisser leur yeux. Ils ont tenté d’attirer l’attention du monde entier sur la ségrégation raciale en vigueur aux Etats-Unis à cette époque.


Cette action est toutefois prohibée par la chartre olympique. Le 3ème médaillé, un australien, nommé Peter Norman s’est lui aussi joint à ce mouvement d’indignation. Il a accroché sur sa poitrine un macaron portant l’inscription « le projet Olympique des droits de l’homme ». 

 

La réaction est rapide, incisive. Le CIO suspend les deux américains, leur retire  leur titre olympique et les expulse des Jeux à vie. Peter Norman, quant à lui, est délibérément écarté de la sélection australienne. 

 

Aujourd’hui, leur geste est resté gravé dans les mémoires. Ils ont été disqualifiés comme champions olympiques, mais ils sont entrés dans l’Histoire comme héros de la cause des droits de l’homme.   

> Le CIO condamne l'apartheid

Le sport en général et les Jeux Olympiques en particulier ont contribué à la lutte contre l’apartheid. Ce régime de ségrégation et de domination des Noirs par les Blancs établi en Afrique du Sud en 1948 a perduré jusqu’en 1991. Aucun Noir Sud-Africain, quelles que soient ses performances, ne pouvait alors appartenir à l’équipe olympique Sud-Africaine.

Incompatible avec sa chartre, le CIO entreprit diverses négociations afin que cesse cette politique discriminatoire. En novembre 1962, l’Assemblée générale des Nations Unis lui emboite le pas. Elle condamne l’apartheid. L’année suivante, tout s’accélère. En effet, le CIO retire « l’invitation  faite au comité national sud-africain de participer aux JO ». En 1970, le Comité décide même d’exclure « les représentants sud-africains du Mouvement Politique ». C’est le début d’une large prise de conscience. L’ étau se resserre autour de l’apartheid.

 

L’année 1988 est, quant à elle,  marquée par la rédaction d’un document intitulé "L’Olympisme contre l’apartheid", à l’initiative du CIO. 

 

En février 1991, l’Afrique du Sud devient multiraciale.

 

 C’est à partir du sport et de l’action du CIO que le mouvement anti-apartheid s’est ensuite étendu à des domaines plus vitaux, notamment économiques et stratégiques. Sport et Olympisme n’ont pas à eux seuls vaincu l’apartheid, mais ils  ont contribué à sa chute. 

L’épreuve du 10 000 mètres féminin en 1992, à Barcelone restera ancrée dans nos mémoires comme le symbole de la réconciliation de l’Afrique du Sud avec le reste du continent et de la communauté internationale. L’éthiopienne Derartu Tulu, première femme noire championne olympique, et la Sud-Africaine blanche Elena Meyer effectuèrent un tour d’honneur main dans la main, symbolisant la fin de l’apartheid.

En conclusion, on remarque que la position du CIO n’a pas cessé d’évoluer, d’être façonnée par les multiples changements sociaux qui ont traversé les olympiades. Si le Comité estimait en 1968, que la lutte contre la ségrégation raciale en vigueur aux Etats-Unis n’avait pas sa place aux Jeux mexicains; il ne put s’abstenir deux décennies plus tard de mener de grandes actions en faveur de cette cause.

 

Il estime dès lors que le sport ne peut être un havre d’harmonie, de paix et d’amitié dans un océan de discrimination raciale. Ce témoignage de Nelson Mandela retrace et souligne tout le chemin parcouru par le CIO : "Pendant toutes les années que j'étais en détention, je suivais de près toutes les campagnes menées à travers le monde contre l'ignoble politique d'apartheid.

 

Le plus entreprenant de ces mouvements, et qui a contribué pour une part essentielle à l'abolition de l'apartheid, est sans doute le Mouvement olympique".